La Collection de Begonia de la Ville de Rochefort se compose actuellement de plus de 1.500 Begonia botaniques et hybrides (500 botaniques et 1.000 hybrides). Elle est agréée en tant que Collection Nationale du genre Begonia par le Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées (C.C.V.S.). Ces plantes sont conservées, entretenues, cultivées, multipliées, éprouvées dans une Serre Conservatoire de 1.000 m², installée depuis novembre 1988 sur le Centre Horticole Municipal (650 m² initiaux, puis agrandissement de 350 m² en octobre 1993).

La collection est arrivée en avril 1986, sous forme de boutures de 30 cm de haut rachetées par la ville à Vincent Millerioux, horticulteur à Presles, près de Persan-Beaumont, dans le Val d'Oise.

La ville de Rochefort se porte acquéreur la première, de l'intégralité de la collection. Le sauvetage vient d'avoir lieu, l'aventure commence alors.

Depuis, par dons, achats, échanges, ce fond s'est trouvé enrichi de plus de 1.300 nouvelles plantes provenant d'échanges avec des collections françaises ou étrangères (britanniques, hollandaises, américaines, australiennes ou japonaises), ou introduites directement des forêts tropicales d'origine (Gabon, Sumatra, Thaïlande, Chine et Guyane : Expéditions de l'Institut de Botanique de Montpellier du Professeur Francis Hallé en 1988 et 1990, Expéditions Internationales du Radeau des Cimes en 1990 en Amérique du Sud et 1991 au Cameroun).

Au cours de cette considérable poussée de croissance, la collection a investi en novembre 1988, une serre suffisamment volumineuse et spacieuse, pour permettre le libre développement des végétaux.

Le chiffre de 1.500 Begonia peut paraître impressionnant, si l'on ne connaît du Begonia que les trois ou quatre formes traditionnelles : corbeilles fleuries de Fête des Mères ou de fin d'année (Bégonia 'Elatior'), petites plantes à massifs à fleurs rondes et multicolores garnissant les espaces verts municipaux (Begonia 'Semperflorens'), grosses fleurs de jardinières (tuberhybrides à grosses fleurs doubles, rouges, jaunes, .., 'Bertini, 'Pendula', 'Marmorata'), Begonia à feuillage (Begonia 'Rex').

 

Quelques vues intérieures de la Serre Conservatoire (Cliquez pour agrandir l’image)

 

Le genre Begonia est, en fait détenteur d'un record avec 1.550 Begonia botaniques (espèces, sous-espèces, formes et variétés) (recensement du Jardin Botanique de Fort Worth - Texas - 1990), et le dernier recensement des hybrides cités dans la littérature depuis un siècle et demi fait état de près de 13.000 noms de cultivars existant ou surtout ayant existé (cultivar : de l'anglais cultivated variety : variété cultivée, pour les distinguer des variétés botaniques, qui ne sont que des variations locales d'une espèce connue, ne présentant pas encore suffisamment de caractères distinctifs, pour en faire une espèce à part entière) (Buxton Check List, 1957 - Révision American Begonia Society, Mai 1990), ce qui fait de lui l'un des genres les plus riches du règne végétal (seules les orchidées ou certaines composées, voisines de nos chères Marguerites peuvent se flatter d'une telle diversité).

Il convient de distinguer :

- d'une part les Begonia botaniques : espèces, sous-espèces, formes et variétés (éléments botaniques, naturels, poussant sous leurs formes propres dans les zones tropicales d'origine : forêts, montagnes, milieux découverts,...)

- d'autre part, les hybrides (croisements, mutations, sélections, déviations génétiques) obtenus par l'homme depuis 1845, date de création du premier hybride :Begonia 'Erythrophylla', plus connu sous le nom de Begonia "Nénuphar" (ce nom lui a été donné par simple évocation de la forme ronde de ses feuilles, et de leur aspect cireux, rappelant celles du Nénuphar, mais il est bien évident que ces deux plantes n'ont rien à voir, et que le Begonia n'a rien d'une plante aquatique).

La collection du Conservatoire de Rochefort comprend donc très peu de nos Begonia traditionnels. Par contre, elle présente l'inconnu, l'oublié, la découverte, l'imaginaire existant : des miniatures africaines de 5 cm aux géantes sud-américaines de 5 mètres (de haut ou de diamètre !), des petites fleurs jaunes du Gabon aux lourdes grappes pendantes rose vif des hybrides bambusiformes du XIXème siècle, des feuillages épais du Mexique aux joyaux colorés de la péninsule indo-malaise.

Elle est, en fait, une véritable vitrine d'écologie tropicale, que même les horticulteurs les plus avertis, les botanistes les plus réputés viennent découvrir ou étudier : pour la diversité des espèces, des formes ou des couleurs, ou pour le gigantisme de certaines plantes, à qui sont laissées toute liberté, toute expression!

Le principal travail de recherche est avant tout axé sur la pratique culturale horticole :

 

*      Comment cultiver de façon moderne, pour ne pas dire industrielle, des végétaux inconnus ou oubliés, supplantés il y a plusieurs décennies par des plantes de culture plus facile ou plus rapide ?

*      Comment restituer leurs lettres de noblesse auprès des horticulteurs, des distributeurs, du grand public, à des plantes dont le nom est actuellement trop souvent synonyme de banalité, voire même péjoratif ?

 

A titre d'exemple, le « Petit Robert » (édition 1990 - P. 173), à la définition du mot Begonia, donne comme exemple de locution populaire courante, l'expression « Charrier (cherrer) dans les bégonias » : exagérer.

Depuis 1987, l'effort a donc porté sur l'observation botanique et horticole de cette collection, la réaction à des techniques et matériaux modernes, et la sélection en son sein, des espèces ou hybrides les plus aptes à une production de haut rendement. Sur ce dernier point, différents critères ont été visés : multiplication (facilité, rapidité, productivité d'un pied-mère), vitesse de croissance, esthétique,...

Sont étudiés également la nutrition, la reconnaissance des symptômes de carences, les substrats, l'influence de la taille sur le comportement.

Cependant, les observations botaniques sont nombreuses et obligatoires.

La première nécessité est de tenter d'acclimater les plantes qui arrivent. Les espèces botaniques parviennent souvent sans la moindre indication précise sur leur biotope. Quant aux hybrides, récents ou anciens, américains, japonais ou européens, il faut commencer par déterminer exactement leur degré de difficulté en culture.

De plus, quelques plantes présentent des particularités morphologiques qui les distinguent. A voir au passage, les « énations », sortes de petites plantules qui poussent sur les feuilles de B. hispida var. cucullifera et de ses hybrides : B. 'Magic Carpet', B. 'Quinebaug', à noter également les feuilles aciculaires (en forme d'aiguille) de B. bogneri, les inflorescences de B. 'Florence Rita', lourdes, volumineuses et parfumées, les fragrances de B. 'HoneySuckle' ou de B. 'Orange Parade'.