Histoire : De la découverte à la dédicace botanique

Patrick Rose

 

Merci de citer ce travail comme suit :

ROSE Patrick (2002)

Histoire : De la découverte à la dédicace botanique

Conservatoire du Begonia – Publication interne

 

Cette collection permet d'honorer deux personnes en particulier : Michel Bégon, et Charles Plumier.

Le premier, Michel Bégon est intendant du roi Louis XIV. Né à Blois, en 1638, il a été intendant à Brest, Toulon, Le Havre aux Antilles (Martinique et Saint-Domingue) de 1682 à 1685, puis Intendant des Galères à Marseille jusqu'en septembre 1688, où il arrive à Rochefort. Il y restera jusqu'à sa mort, le 4 mars 1710.C'est lui qui, pendant ces 22 années, construit la ville "en dur" telle que nous la connaissons aujourd'hui. En effet, Rochefort n'est alors qu'un amas de baraques de chantier, où travaillent et dorment plutôt qu'ils n'y logent, les ouvriers de l'arsenal en construction. Bégon en fera la cité taillée au cordeau, qui a subsistée jusqu'à nos jours.

"Hanc nascentem urbem ligneam invenit, lapideam reliquit" (il a trouvé la ville naissante en bois, il la laisse en pierre) = Épitaphe apposée sur la tombe de Michel Bégon en l'église Saint-Louis de Rochefort.

Outre ses qualités d'urbaniste, Michel Bégon est également un homme curieux, un "honnête homme", selon l'expression de son ami Charles Perrault, et il entretient des rapports notamment épistolaires avec plusieurs hommes de science.

En 1688, à la demande de son roi, il organise un voyage aux Antilles. Il y envoie un médecin : François Joseph Donat Surian, dont l'histoire ne retiendra pas le nom. Celui-ci s'adjoint les services d'un botaniste, dessinateur de surcroît : Charles Plumier (1646- 1704), moine, franciscain minime, qui nous intéresse davantage : c'est le second personnage de notre histoire, mais non le moindre.

C'est effectivement lui qui va s'attribuer la paternité des découvertes. Il va découvrir entre autres, six petites plantes herbacées, qu'il étudie en botaniste, juge se ressembler, et baptise Begonia en hommage à son bienfaiteur, à son retour en France en 1690.

Il fera paraître en 1693, après son second voyage, un ouvrage sur les "Plantes d'Amérique", présentant 106 genres nouveaux, et deviendra Le Botaniste du Roi. Il effectuera encore un voyage aux Amériques en 1697, et mourra en 1704, à la veille de son quatrième voyage.

Le genre Bégonia sera officiellement reconnu en 1700 par Joseph Pitton de Tournefort, dans son livre « In Institutiones Rei Herbariae », Vol. 1 ; puis, bien sûr par le botaniste Suédois Carl Linnaeus en 1753 dans « Species Plantarum », au moment de l'institution de son système binomial.

Trois choses sont à noter :

1 : C'est bien Charles Plumier qui a découvert le Bégonia, et non Michel Bégon. Celui-ci est revenu en France depuis cinq ans, quand, en 1690, Plumier dessine et décrit les plantes en question. Il ne fait d'ailleurs que décrire et dessiner. Il n'a vraisemblablement rapporté aucune plante, souche, graine , (Le bateau transportant son herbier fit naufrage, et seules ses planches et dessins, transportés sur un second bateau parvinrent en Europe) et contrairement à la légende, Bégon n'a probablement jamais vu de Begonia.

2 : C'est la première fois que l'on dédie ainsi une plante à un homme, et Plumier est en quelque sorte, un novateur dans le domaine : l'inventeur de la dédicace botanique. C'est lui, qui a également nommé le Fuchsia (prononcer FuXia), en l'honneur du Docteur Léonard Fuchs, botaniste allemand du XVème siècle, auteur d'un des premiers traités de botanique ; le Magnolia grandiflora, en l'honneur de Pierre Magnol (1637 - 1715), directeur du Jardin Botanique de Montpellier en cette fin de XVIIème siècle, et créateur de la notion botanique de "famille" ; le Lobelia , en souvenir de Mathias De L'Obel (Lobel ou Lobelius 1538 - 1616), botaniste.

3 : il fut l'un des premiers à suggérer les notions de paysage botanique, et de groupements des végétaux, annonçant avec trois siècles d'avance la "phytosociologie".